La Bibliothèque nationale de médecine, portail d’information sur les biotechnologies du gouvernement américain, a publié une étude réalisée par trois docteurs évaluant les bénéfices sanitaires et économiques du vélo aux Pays-Bas. Je reprends certaines des conclusions de cet article: Dutch Cycling: quantifying the Health and Related Economic Benefits.
Aux Pays-Bas, en moyenne 23 % des déplacements se font à vélo, dont plus de la moitié à VAE
- Cela se traduit par une augmentation de l’espérance de vie de six mois. Il s’agit simplement d’une moyenne pour l’ensemble de la population ; c’est donc bien plus pour ceux qui font du vélo.
- Les bénéfices pour la santé publique s’élèvent à 19 milliards de dollars par an en 2019, équivalent à plus de 21 milliards actualisé à l’ inflation, donc plus de 1 200 € par habitant (la population est de 18 millions).
- L’étude calcule que 6 500 décès par an sont évités grâce au vélo, puisque les Néerlandais font du vélo en moyenne 74 minutes par semaine et par personne.
- Cela contribue à 3 % du PNB néerlandais (produit national brut), dans un pays qui, avec un revenu par habitant de 60 000 dollars, compte déjà parmi les plus riches du monde.
- Sur une population de 17,7 millions d’habitants, un million de vélos sont vendus chaque année dans ce pays, soit un pour 15 personnes si l’on exclut les personnes extrêmement âgées et les bébés.
- Un vélo sur deux vendu aux Pays-Bas est un vélo électrique. En effet, même en plaine, les vélos électriques peuvent, plus efficacement que les vélos, remplacer la voiture pour les déplacements urbains.
- Une circulation cycliste aussi intense est un atout pour les automobilistes, car elle réduit considérablement les embouteillages.
L’étude utilise l’outil d’évaluation économique de la santé (HEAT), développé par l’Organisation mondiale de la Santé, pour estimer la réduction du taux de mortalité et le nombre de décès évités chaque année grâce au vélo. Cet outil estime la valeur de la réduction de la mortalité résultant d’une durée donnée de pratique du vélo (ou de la marche). Sur la base d’une méta-analyse récente d’études portant sur l’effet du vélo sur la mortalité toutes causes confondues, HEAT suppose une réduction du risque de mortalité de 10 % (intervalle de confiance à 95 % = 6 %, 13 %) pour une exposition au vélo de 100 minutes par semaine. L’étude a été réalisée en 2019 et ne tient donc pas compte du fait que le vélo prévient les infections à la Covid-19. En effet, d’une part, cela permet d’éviter la promiscuité des transports en commun, et d’autre part, il est prouvé qu’être en forme est un moyen de prévenir les formes les plus graves de cette maladie.
Les bienfaits de la généralisation du vélo à l’échelle nationale sur la santé publique
Dans n’importe quel pays, si davantage de personnes utilisaient le vélo ou le vélo électrique plus souvent pour se rendre au travail, faire leurs courses, emmener leurs enfants à l’école, etc., les bénéfices pour la santé publique seraient considérables.
Réduction de la mortalité et des maladies grâce au vélo
La sédentarité est peut-être le facteur le plus néfaste pour la santé des Occidentaux. Le diabète touche environ 7 % des Européens, et le manque d’exercice en est l’une des causes. Le surpoids et l’obésité représentent plus de 35 % de la population européenne, et la situation est encore pire aux États-Unis. Les médecins affirment presque unanimement que même le taux de cancer pourrait être réduit si l’on pratiquait davantage d’exercice. L’utilisation d’un vélo électrique peut permettre à chacun de faire de l’exercice à chaque fois qu’il se rend presque n’importe où dans la ville, presque tous les jours.
Les estimations régionales de l’OMS et les études pour l’UE font fréquemment état d’environ 300 000 décès prématurés par an dus à la pollution de l’air ambiant (dominante en PM2,5) en Europe. Bien que la pollution ait diminué de façon constante depuis 1990, les décès liés à cette pollution ont recommencé à augmenter depuis 2017. Bien qu’il soit difficile de quantifier précisément les dommages causés à notre santé par la circulation automobile, toute personne vivant dans une zone à forte densité de véhicules peut ressentir le malaise provoqué par la pollution des pots d’échappement. Un seul pot d’échappement peut tuer une personne en huit minutes dans un garage fermé. Si vous n’y croyez pas, abstenez-vous de le tester.
Les bienfaits du vélo sur la richesse d’une nation
Les sommes considérables qui pourraient être économisées en matière de santé si les gens faisaient plus de vélo ne sont pas la seule façon dont le vélo pourrait améliorer nos vies.
La récente guerre en Ukraine nous a fait prendre conscience des dommages causés à nos économies par la dépendance au pétrole. Remplacer plus souvent la voiture par le vélo améliorerait non seulement considérablement notre balance commerciale, ce qui aurait des effets bénéfiques sur nos monnaies et nos systèmes financiers, mais aussi notre pouvoir d’achat, car le carburant automobile devient de plus en plus cher. Le pétrole ne peut être exploité que par des organisations extrêmement puissantes, qu’il s’agisse de gigantesques entreprises capables d’influencer les gouvernements ou, pire encore, de dictatures. Cettes derniers utilisent souvent les revenus pétroliers pour acheter des armes et faire la guerre.
Un autre avantage du vélo est la réduction des embouteillages, ce qui améliore la productivité nationale et la qualité de vie de tous.
Bien sûr, les dépenses privées pour le vélo, ainsi que les dépenses publiques pour les pistes cyclables, les chemins et les parkings à vélos (environ 0,5 milliard d’euros par an aux Pays-Bas, voir l’étude mentionnée ci-dessus), peuvent être largement compensées par les avantages économiques du vélo mentionnés ci-dessus.
Comment les Pays-Bas sont-ils devenus le pays le plus favorable au vélo au monde ?
Dans les années 70, de nombreux mouvements sociaux et manifestations ont incité le gouvernement néerlandais à construire et à mettre en place des pistes et des pistes cyclables dans tout le pays. Les 500 millions d’euros que le gouvernement dépense chaque année pour améliorer les infrastructures cyclables sont donc considérés comme un investissement très rentable, comme nous l’expliquions.
Le vélo ne devrait ni gêner ni entraver la circulation automobile
Tout le monde ne peut pas faire du vélo, et pas toujours. Vélos et voitures peuvent cohabiter. Lorsque les pistes cyclables entravent considérablement la circulation automobile, il y a une réaction, parfois même une forme de colère, contre les cyclistes et les politiques de promotion du vélo. Par exemple, deux pistes cyclables, une de chaque côté de la route, au lieu d’une seule, peuvent gêner la circulation automobile sur cette route (voir photo ci-dessus). Pas étonnant que toutes les bornes soient endommagées après seulement un mois ! Après tout, même les automobilistes bénéficient de la diffusion du vélo, car elle réduit les embouteillages.
Comment la France pourrait emboîter le pas, ou mieux, la roue aux Pays-Bas
Bien sûr, il faudrait davantage de pistes cyclables et de vélos parking, surtout dans les écoles. Il faudrait p aussi une vraie culture du vélo comme moyen de transport se développe. Et vous, qu’est-ce que vous en pensez ?
Images: Emvee, Happytobehere.it, Vanmoof



