Brose a environ 7% du marché mondial des systèmes d’entraînement de vélos électriques. Brose produit également des moteurs électriques de 200 watts à 14 kilowatts pour diverses applications telles que la direction assistée des voitures. L’entreprise emploie environ 32 000 personnes sur 68 sites dans 24 pays. En 2023, le groupe Brose a réalisé un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros. Or, la division des vélos électriques devrait compter pour moins de 8% de son chiffre d’affaires, selon nos estimes.
Une stratégie de conquête du marché des vélos électriques ?
Cette acquisition pose bien des questions :
- Yamaha ebikes a annoncé récemment d’abandonner le marché américain. Il vient d’ouvrir en France son usine de production de moteurs pour VAE, l’une des trois existant au monde, les autres deux étant au Japon et à Taïwan. Est-ce que cette acquisition rentre dans une stratégie d’augmentation de sa présence sur le marché européen ?
- Est-ce que Yamaha à l’intention de rester en Amérique par les moteurs Brose, qui équipent déjà les vélos américains Specialized et pas mal de vélos électriques Décathlon ?
- Peut être que Yamaha veut profiter de la flexibilité des moteurs Brose, qui, tout comme ses moteurs, peuvent fonctionner aussi avec d’autres batteries et d’autres displays ?
- Va-t-on assister à une phase de consolidation des systèmes d’entraînement pour vélo électrique, à l’instar de ce qui s’est passé pour les fabricants de voitures à partir des années ’70 ?
Les ventes piétinent dans le cœur de métier de Brose
Dès le week-end, les médias de la région du siège social de Brose, à Cobourg, en Franconie, ont fait état du rachat imminent. Brose et Yamaha ont depuis confirmé ce projet dans leurs propres communications. À l’instar de nombreux secteurs de l’industrie automobile, Brose subit actuellement une forte pression économique. L’entreprise souffre de la faiblesse de la conjoncture, ses sites de production ne fonctionnant pas à pleine capacité. En octobre 2024, Michael Stoschek, président du conseil d’administration de Brose, a annoncé le licenciement de près de 1 000 employés, principalement dans l’administration.
Parallèlement, le secteur des vélos électriques a également connu des jours meilleurs. Stefan Krug, président-directeur général de Brose SE, a déclaré au journal allemand Süddeutsche Zeitung que l’entreprise souhaitait profiter de cette vente pour corriger les erreurs du passé et travailler à nouveau de manière plus efficace. Il a expliqué qu’il s’agissait d’une réorientation stratégique clairement centrée sur les secteurs d’activité clés que sont l’automobile et les deux-roues motorisés.
Yamaha affiche des perspectives optimistes pour les vélos électriques
Alors que Brose souhaite abandonner la production de systèmes pour vélos électriques lancée en 2014, Yamaha considère ce secteur comme un marché porteur à long terme. Ce secteur stratégiquement important s’inscrit dans un plan de gestion à moyen terme qui court jusqu’en 2027. Le géant du marché souhaite mettre en œuvre ce projet avec sa filiale Yamaha Motor eBike Systems (YMESG), fondée en mars 2025. Selon Yamaha, le démarrage des activités de l’entreprise à Berlin est prévu pour juin. Brose et Yamaha ont convenu qu’YMESG pourrait utiliser les ressources de développement existantes de Brose pour planifier et concevoir ses propres nouveaux produits.
Yamaha a également annoncé son intention d’établir sa propre base de développement en Europe. « Cela lui permettrait d’identifier plus rapidement les besoins du marché, de répondre avec flexibilité aux demandes des clients locaux et de conquérir de nouveaux clients », déclare-t-il. L’entreprise japonaise est également intéressée par le réseau de service de Brose. Avec plus de 600 sites, il offre d’excellentes conditions pour fournir une assistance complète aux e-cyclistes, même après l’achat de leur vélo électrique.
Une grande partie de l’équipe Brose devrait rester à Berlin
Selon le Süddeutsche Zeitung, Yamaha a l’intention de reprendre tous les employés de Brose impliqués dans le développement. Les employés impliqués dans la production des moteurs de vélos électriques ne sont pas concernés par la vente. Par ailleurs, un accord reste en vigueur, prévoyant que Brose continuera de produire des moteurs pour Yamaha à titre transitoire pendant deux ans maximum. Le magazine spécialisé Velobiz rapporte également que Yamaha souhaite impliquer activement l’équipe de direction actuelle de Brose à Berlin dans le développement et la gestion opérationnelle. Compte tenu de ces engagements, Raymond Mutz, PDG de Drives Brose Group, estime que l’avenir du site berlinois est prometteur. « Nous sommes convaincus que Yamaha offre les meilleures conditions pour développer l’activité avec succès. »
Aucune information n’est disponible quant au prix convenu entre Yamaha et Brose pour l’acquisition. Le Süddeutsche Zeitung aurait au moins appris que les documents nécessaires avaient été signés le 27 mars. Les employés de Brose auraient été informés le 28 mars. Le rachat n’est pas encore juridiquement contraignant. Les autorités de contrôle doivent encore donner leur accord dans les prochaines semaines. Yamaha espère que cela pourra être fait d’ici le milieu de l’année. Le démarrage des activités d’YMESG est alors prévu pour juin 2025.
En l’état actuel des choses, l’entreprise pourrait démarrer à Berlin avec un effectif d’environ 120 personnes. Elle assurera le développement, la production et la vente de systèmes pour vélos électriques.
Photos : Brose SE ; Yamaha Motor Co. Ltd